dimanche 30 novembre 2014

L'humour, une ressource non-renouvelable?

Le cours de l'action Twitter en baisse après une étude montrant le déclin de gisements des jeux de mots et des blagues courtes..

L'humour n'est pas une ressource inépuisable, et les réseaux sociaux accélèrent son érosion. 
Telle est en substance la conclusion étonnante d'une étude américaine. Les chercheurs du laboratoire de psychodynamique linguistique de l'Université de Fiascow ont mis en évidence que le nombre de nouvelles blagues inventées chaque année était actuellement à son paroxysme, et que les formes d'humour syntaxiques (jeux de mots, onomatopées, contrepèteries..) iraient en décroissant sur la prochaine décennie. 
Nos langues parlées évoluent à un rythme trop faible pour fournir une quantité de pépites et autres perles équivalentes à celles qui sont débusquées quotidiennement par les millions d'utilisateurs connectés aux réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux ont-ils connu leur apogée, sont ils condamnés au déclin?
Les fréquentera-t-on aussi assidûment s'ils nous font moins rire? Faut-il réguler l'activité de ces immenses champs de prospection?
Les auteurs de l'étude se veulent rassurants.
D'après eux, Facebook, Twitter et consorts ont encore de bons jours devant eux, car ces formes d'humour ne sont qu'une partie de celui qu'on tweete ou qu'on like : l'actualité politico-médiatique restant un autre filon à priori inépuisable.
Cela n'a toutefois pas empêché le cours de l'action Twitter de connaitre une baisse significative de 3,4% à la clôture NASDAQ du 28/11.

Les chercheurs eux, continuent leurs investigations. Il veulent évaluer dans quelle mesure les réseaux sociaux peuvent contribuer à des cycles de recyclage d'humour tombé en désuétude, ce qui constitue pour le moment des phénomènes difficiles à modéliser.
Leurs intuitions restent plutôt optimistes :
"Ces réseaux sociaux ont une mémoire très volatile, et l'esprit humain ne peut mémoriser à lui tout seul toutes les combinaisons linguistiques humoristiques... Il est donc probable que dans dix ans, les boutades d'aujourd'hui nous fassent encore rire"

vendredi 28 novembre 2014

Réinventer la publicité, pour endiguer la pénurie de manque

Faisant suite aux conclusions de la mission pilotée par Jean Paul Albesse, qui a révélé l'impact provoqué par la pénurie de "manque" dans l'économie française, le Ministère du Redressement Compétitif va formuler des proposition visant à mobilier le secteur publicitaire pour relancer la consommation.

Jean Paul Albesse s'explique ce mois-ci dans les colonnes de la revue économique Charges
"Le phénomène est apparu à la fin des trente glorieuse, mais avait été à la fois masqué par la hausse du prix du pétrole et atténué par l'essor de stimulation audiovisuelle.
Ce phénomène, c'est la pénurie de manque.
Nous sommes "repus". Nous avons désormais à peu près tout, et il ne nous manque rien, à part le manque. (..)
C'est le rôle de l'industrie publicitaire de générer ce manque : la publicité est en effet une industrie qui produit de la frustration à grande échelle.
Elle nous évite le tassement de la demande mécaniquement provoqué par la saturation et offre les débouchés pour écouler notre production industrielle. On la voit souvent comme le folklore de la société de consommation, on oublie que c'est un mécanisme clé du capitalisme contemporain".

L'étude Albesse met en évidence aujourd'hui que la publicité ne peut plus suivre le rythme imposé par l'économie mondialisée. Sous la pression constante de l'afflux de biens et services qui inondent l'économie, les besoins en manque augmentent année après année dans les mêmes proportions.
Mais les consommateurs eux s'éloignent de plus en plus.

A quoi ressemble aujourd'hui l'industrie publicitaire?
Chez TF1 on se souvient de Patrick Le Lay, vendant aux annonceurs publicitaires le "temps de cerveau disponible" de ses téléspectateurs. TF1 avait modifié le business model d'une chaine audiovisuelle en inversant les rôles : clients, ressources exploitées, matières premières utilisées, produits vendus... TF1 était devenu un sous-traitant logistique de l'industrie publicitaire.
Aujourd'hui avec Internet et la multiplication des canaux de divertissement, le secteur publicitaire est déboussolé. 
L'influence de l'audiovisuel décline. Les français sont de moins en moins réceptifs à la publicité. Elle est partout, mais on n'y accorde plus assez attention. 
Paradoxe, c'est même elle qui va brider le progrès technologique : on doit désormais attendre pour laisser passer la pub.
Qui n'a jamais pesté devant ces nouveaux comptes à rebours pour accéder à du contenu, ramenant la prestation celle de l'époque ADSL? Non seulement, cela génère un rejet de la publicité de plus en plus répandu, mais en plus cela fait considérablement chuter son coefficient de pénétration utile : ceux qui ont le plus de temps libre pour la regarder sont ceux qui ont souvent le pouvoir d'achat le plus réduit.

"L'industrie publicitaire doit être repensée de fond en comble" a réagi le Ministre du Redressement Compétitif. Plusieurs pistes sont lancées, dont celle consistant à mieux pénétrer le monde du travail afin de pouvoir mieux toucher la population active. Combiné à l'ouverture des magasins le dimanche, elle pourrait constituer un énorme bol d'air à tout le secteur marchand.
Il ne faut pas se mentir, la tendance n'est pas bonne : l'essor des innombrables plateformes d'échange entre particuliers, ou l'influence grandissantes des créatifs culturels et autre courants alternatifs prônant la décroissance, au sein même de nos villes, tout cela génère de nouveaux comportements, de nouvelles habitudes qui nous éloignent des magasins.  Le secteur marchand n'a plus le vent en poupe.

Cela ne pourrait être qu'une question de temps : au plus haut sommet de l'Etat, la mobilisation est lancée pour nous aider à retrouver les moyens de produire ce manque qui nous manque tant, pour doper l'économie et faire repartir la croissance..  


28/11/2014 - © BSA-SFP

samedi 22 novembre 2014

Le 8ème jour : shopdi ou trimanche ?

Le gouvernement a étudié avec attention le recueil de propositions insolites émanant d'un groupe de travail de syndicats patronaux, pour relancer l'économie française.
Constatant que les blocages de la société française ne pourraient être levés si on continue à s'opposer frontalement au corps social, cette étude préconise des pistes inédites et sans doute plus consensuelles pour les contourner.

Abandonnant des revendications emblématiques, telles que la suppression de jours fériés, le retour aux 39h hebdo ou la libéralisation du travail le dimanche, les auteurs proposent de réaménager le calendrier grégorien pour passer à la semaine de 8 jours, contre 7 actuellement. Il s'agirait d'élargir le week-end à trois jours, en intercalant un nouveau jour entre le samedi et le dimanche, de façon à offrir plus de flexibilité et de plages horaires pour le shopping et la production. Alors shopdi, ou trimanche ? Les auteurs de l'étude ne se prononcent pas. On voit donc se profiler des débats particulièrement animés lors des prochaines réunions de famille ! 
Les auteurs précisent que chacun en fera forcément bon usage et que quoi qu'il en soit cela sera bon pour l'économie : aujourd'hui la population est coupée en deux entre ceux qui ont de l'argent pour consommer mais qui n'ont pas le temps de le dépenser, et ceux qui n'ont pas d'argent mais ont du temps pour travailler.

Cette idée d'une année de 45 semaines a été accueillie positivement par le comité interministériel en charge de la compétitivité nationale. Reprenant à leur compte la mesure-phare, intitulée "réduction annuelle du nombre de semaines avec maintien intégral du salaire", l'équipe a immédiatement pris la mesure de tous ses atouts pour doper la reprise économique. En permettant à la fois de relancer la consommation des ménages et en améliorant la compétitivité des entreprises, on tiendrait là la solution miracle, le subtil équilibre entre politique de l'offre et de la demande qui devrait satisfaire à la fois Keynes et Friedman.

Dernière précision de leur porte-parole :"Reste à convaincre nos partenaires européens de nous laisser mettre en oeuvre cette réforme, avec ou sans eux". Compte tenu de la pression mise sur le gouvernement français pour réduire son déficit budgétaire, on voit mal comment les partenaires européens pourraient s'opposer à cette réforme courageuse.

Si l'expérience est concluante, les experts ont calculé qu'un allongement de un jour de la durée hebdomadaire du temps de la semaine tous les deux ans pourrait contribuer à une augmentation de PIB supérieure à 5 points par an, ce qui nous remettrait sur les rails d'une croissance durable.

22/11/2014 - © BSA-SFP